Parmi les habitants souvent méconnus du compost, les larves intriguent ou inquiètent. Pourtant, derrière elles se cachent des insectes impressionnants et utiles comme la cétoine dorée, le scarabée rhinocéros ou le lucane cerf-volant. Pour ne plus les confondre avec des indésirables, apprenons à les identifier et à comprendre leur rôle dans le cycle naturel de la matière.

Cétoine Dorée (Cetonia Aurata) : Un coléoptère pollinisateur
L’adulte est un beau scarabée vert irisé friand des étamines des fleurs qu’il butine, et parfois grignote. On l’appelle aussi hanneton des roses, car il raffole particulièrement des rosacées au grand dam des rosiéristes….
La larve, détritivore, se nourrit de matière organique en décomposition.
Elle est reconnaissable à ses petites pattes et à ses mandibules peu développées. On dit d’elle, trivialement, qu’elle a une « petite tête et un gros fessier » ! Elle a aussi la faculté de ramper sur le dos si on la dépose sur une surface plane et dure. Elle va ainsi plonger la tête en arrière dans la matière organique.

Dans la nature, les cétoines femelles pondent dans les amas de matière organique en décomposition (feuilles mortes, bois pourri…). Elles choisissent aussi les tas de compost, les paillis épais de feuilles et de bois broyé… Le stade larvaire dure au moins une année, à l’issue de laquelle, à l’automne, les larves s’entourent d’un cocon de boulettes fécales sèches pour passer l’hiver. Au printemps, l’adulte émerge et part à la recherche de fleurs et de congénères pour s’accoupler.
La larve s’entoure d’un mélange de terre, compost et crottes pour réaliser sa nymphose – le passage de la nymphe à l’adulte – durant l’été, pour quitter son abri au printemps suivant. On trouve parfois ces cocons dans les bacs de compost.
Scarabée Rhinocéros (Oryctes nasicornis) : Un coléoptère à corne !
L’adulte mâle est doté d’une corne (d’où son nom !) qui lui permettra, pendant la saison des amours, de soulever son adversaire pour ensuite le projeter au sol.
La larve de ce coléoptère ressemble à celle de la cétoine dorée, à la différence que les pattes et mandibules sont plus proéminentes. Cela lui permet de dégrader des débris de bois ligneux et de grignoter au passage quelques petites racines dans les sols superficiels forestiers. On pourra dire d’elle qu’elle a « une grosse tête et un gros fessier » aussi !
On la retrouve principalement dans les bacs de broyat, où elle participe à la dégradation de la matière organique. Cette action, combinée à celle des autres micro et macro organismes, favorisera le rôle d’absorbeur d’humidité du broyat lorsqu’on le mélangera aux apports de biodéchets.
Arrivée à maturité, la larve mesure 60mm de long. La durée de son développement est de 2 à 4 ans. L’adulte émerge au printemps et vit jusqu’en automne. On l’observe surtout durant les mois de juin et juillet.

Lucane Cerf-Volant (Lucanus Cervus) : Des cornes de cerf… volantes !
Le plus grand des coléoptères européens. Les mandibules impressionnantes du mâle serviront à de véritables joutes pour acquérir les faveurs d’une femelle, laissant des cicatrices sur les carapaces. Une autre ressemblance avec le cervidé !
La larve de ce coléoptère sera beaucoup plus grosse que celles des cétoines ou scarabée rhinocéros. Son corps est annelé, les pattes et mandibules sont proéminentes, comme pour le rhinocéros.

La femelle de ce coléoptère, dépourvue des cornes de cerf, pond à proximité de la pitance de sa descendance, bois mort en particulier (saproxylophage). Le développement larvaire porte sur 3 à 5 ans, parfois plus, selon les conditions climatiques du lieu et les qualités nutritionnelles du bois ingéré. À terme, les plus grosses larves (mâles) atteignent 8 à 10 cm.
On pourra identifier une larve de rhinocéros de celle du lucane par la taille, les anneaux le long du corps, mais surtout en regardant la tête : elle est lisse et claire chez le lucane, et au contraire foncée et fortement ponctuée chez le Rhinocéros.
Dans nos composteurs, on retrouve bien sûr d’autres espèces de larves, comme celles des mouches soldats noires, mais aussi des œufs de vers de terre, de fourmis, etc. Autant de micro- et macro-organismes qui contribuent à la biodiversité de nos composteurs… et de nos jardins !

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