Connaissez-vous un tout petit être vivant capable d’avaler chaque jour l’équivalent de son poids en épluchures, de les digérer, pour finalement créer un véritable trésor pour le sol et les plantes ?
Il ne s’agit pas là d’une espèce imaginaire tout droit sortie d’un bestiaire, mais bel et bien d’un animal commun et présent partout sur terre ! Le vers Eisenia, une espèce de vers de terre rougeâtre et très robuste, est le roi des détritivores. Vivant dans les premiers centimètres du sol, ces vers de la famille des épigés consomment une énorme quantité de matière organique (qui provient du vivant) pour les transformer en humus (en milieu naturel) ou en compost (avec une intervention humaine).
Assez différent du compostage en bac ou encore du bokashi, le lombricompostage (ou vermicompostage) est une technique de valorisation de vos déchets de cuisine au sein même de votre foyer, permettant ainsi de transformer vos biodéchets en lombricompost, un terreau très riche, et en « thé de compost », un engrais liquide simple et gratuit pour votre jardin.
Comment ça marche ?
Dans un récipient prévu à cet effet, vous allez entretenir un environnement favorable pour élever vos vers Eisenia (appelés également vers de Californie ou vers de fumier) et les nourrir. C’est une solution efficace pour valoriser vos biodéchets, notamment lorsque vous vivez en appartement, ou sans espace extérieur, et que vous n’avez pas accès à un site de compostage partagé.
Le lombricomposteur existe dans toutes les formes et toutes les couleurs. Ce sont des bacs étanches, en général en plastique, car plus faciles à nettoyer, que vous allez entreposer à proximité de votre cuisine et dans lesquels vous déposerez régulièrement vos épluchures. A l’intérieur des bacs, une colonie de vers Eisenia, quelques collemboles et actinomycètes, vont travailler jour comme nuit pour transformer la matière.
Ces bacs peuvent s’empiler, laissant ainsi les vers et autres micro-organismes consommer et digérer entièrement la matière du bac en-dessous, avant de migrer vers le haut pour continuer à se nourrir avec vos apports frais.
Sous les bacs d’apports (fréquemment au nombre de 3 ou plus), il y a un récipient récupérateur pour le lombrithé (ou thé de compost). Un petit robinet sur cette partie permet au liquide de s’évacuer. Le lombrithé est collecté dans une coupelle, et pourra être mis en bouteille puis utilisé à l’arrosage des plantes (en intérieur ou en extérieur).
Une fois la matière du premier bac digérée par les vers, en résulte une matière très sombre et moelleuse : le lombricompost. Il pourra être utilisé de son coté comme amendement pour le jardin ou lors du rempotage des plantes vertes. Nous conseillons un ratio d’1/3 de compost pour 2/3 de terre.
Le régime alimentaire des vers est très proche du notre, cependant, certains aliments ne leur conviennent pas et pourraient même les intoxiquer.
La réussite d’un bon lombricompost tient à la diversité des apports mais doit toutefois respecter quelques règles
Vous pouvez mettre…
…toutes vos épluchures de fruits et de légumes, marc de café, filtre en cellulose, etc… en restant vigilant sur les alliacés (ail, oignon, échalote, poireau…) et les agrumes, car ce sont des vermifuges naturels et cela pourrait tuer votre colonie d’Eisenia
Les coquilles d’œuf
Les coquilles d’œuf, bien broyées, permettent de maintenir leur milieu basique (environ 1 cuillère à café par semaine)
La matière sèche
Pour réguler l’humidité, vous pouvez introduire dans vos bacs du carton (environ 30% à 40% de vos apports), papier kraft ou boîte d’œuf sans étiquette, en petits morceaux. Cette matière dite “sèche” sera aussi digérée par les vers. Éviter les plantes ou feuilles mortes venant de l’extérieur (bactéries/insectes indésirables)
Attention !
La viande, le poisson, les crustacés et les produits laitiers sont à proscrire. Ces apports attireraient des nuisances chez vous (odeurs, mouches…) et déséquilibreraient l’environnement du lombricomposteur. On évite également les aliments avec de la moisissure, les restes de repas en sauce et l’huile. Vos vers vous aimeront d’autant plus.
Les avantages du lombricomposteur
Une installation pratique
C’est une solution individuelle, qui ne nécessite pas d’avoir un jardin et qui répond à vos besoins quand le compostage collectif en pied d’immeuble n’est pas envisageable.
Un minimum d’encombrement
Pour un citadin, cette solution prend très peu de place et peut même être installée dans la cuisine, dans une cave ou sur le balcon.
Une vitesse de compostage accélérée
Le compost est obtenu après deux ou trois mois, au lieu de 6 à 8 mois pour du compostage en tas ou en bac.
Le « Thé de compost » : un petit jus ?
Cet engrais liquide, dilué à 10% dans de l’eau, fait le bonheur des plantes, en arrosage une fois par mois. Il se conserve en bouteille hermétique et à l’abri de la lumière. Pour vous persuader de son efficacité, tremper un noyau d’avocat dans le « thé » : il mettra 3 semaines pour faire ses racines au lieu de 2 mois !
Le lombricompost
Le compost obtenu est un terreau à la richesse équivalente à un fumier (riche en azote, phosphore et potassium). Il fait augmenter les rendements de 30% selon les cultures, protège les plantes des maladies et parasites en rendant les tiges plus ligneuses, et en les rendant plus difficilement attaquables par les insectes piqueurs. Il est dépourvu d’élément pathogène, les vers « désinfectant » tout ce qu’ils ingèrent. C’est un produit vivant (1 400 000 micro-organismes par gramme). Très bon rétenteur d’eau (3 fois son poids), il est très intéressant en cas de sécheresse et à la plantation car il stocke de l’eau disponible pour les plantes.
Pédagogique et ludique
Le lombricompostage associe protection de l’environnement, autosuffisance en engrais et sensibilisation pour les enfants et adultes à ces petits êtres précieux. Un véritable travail d’équipe s’effectue sous vos yeux : n’ayant pas de dent, les vers attendent que les micro-organismes (bactéries, actinomycètes, champignons microscopiques, protozoaires, acariens…) aient commencé à dégrader les déchets avant de s’en régaler.
Les préjugés sur le lombricompostage
Un problème résulte obligatoirement d’un dysfonctionnement à l’intérieur du lombricomposteur. Il y aura donc toujours des astuces pour y remédier :
Des mauvaises odeurs ?
Un lombricompost bien géré ne sent pas mauvais. La présence de mauvaises odeurs est un phénomène assez rare lié à un mauvais équilibre du système (vous ajoutez de la nourriture plus vite que les vers ne la mangent), dans ce cas il est conseillé de cesser d’alimenter en déchets le lombricomposteur durant une semaine et d’aérer en mélangeant le bac, et d’apporter de la matière carbonée (carton).
Les vers sortent du bac ?
Aucun vers ne tentera de s’échapper de votre lombricomposteur, même s’il n’est pas particulièrement étanche, car les vers craignent plus que tout la lumière et ont besoin d’un milieu humide pour survivre, la respiration se faisant par leur peau. S’ils essayent de fuir leur milieu, c’est que ce dernier est devenu toxique (trop acide, trop chaud, trop sec…)
Présence de moucherons
La présence de moucherons dans votre lombricomposteur est certainement liée à un pH trop acide du milieu, lié à vos déchets. Il faut donc apporter plus de matière carbonée (carton, papier), et des coquilles d’œufs finement broyées afin de réduire l’acidité du lombricomposteur et éliminer les moucherons qui pondent en milieu acide.
